Biographie de Kunga Rinpoché
BRÈVE BIOGRAPHIE DE CHOGTRUL KÖNCHOK KUNGA SHÖNU RACONTÉE DE MANIÈRE NATURELLE ET SANS FABRICATION
Suprême champ de mérites ayant réuni les deux accumulations,
Océanique trésor des quatre-vingt-quatre mille enseignements du Dharma,
Vous savez les ramener tous à la nature de l’esprit sous forme d’instructions :
Assemblée des suprêmes guides et amis spirituels, protégez mon esprit !
Méthode spéciale pour faire mûrir la graine de la foi, le récit de la vie des êtres sublimes est un champ de grands mérites digne des plus hautes louanges. Voilà pourquoi je présenterai ici une courte biographie de Chogtrul Könchok Kunga Shönu.
En engendrant l’esprit d’éveil des bodhisattvas, fils des Victorieux, il naquit à l’aurore du vingt-huitième jour du douzième mois tibétain de l’année eau-tigre (1962) du dix-septième cycle astrologique sexagésimal, son père ayant pour nom Lhatse Gyangrawa Drakpa Thardo et sa mère, Sheltrengwa Ane Jojo. Qu’il s’agisse de l’histoire familiale, de la lignée paternelle ou maternelle, l’environnement de sa naissance était excellent. Pour ce qui est de son pays natal, il s’agissait du village de Serde Rongta, dans la région d’Amdo Mewa6.
Comme de nombreux poils étaient visibles sur son corps au moment de sa naissance, ses deux parents le surnommèrent « Puri », ce qui signifie « boule de poils ».
En ce qui concerne la lignée familiale du père, celle de Lhatse Anam Bushi, l’histoire remonte aux six tribus originelles du Tibet8. Parmi eux, le clan le plus ancien portait le nom de Lhatse. Il correspondait aux troupes de Yeru du roi Songtsen Gampo, les meilleures parmi celles des dix-huit grands clans.
Pour ce qui est du lignage patrilinéaire, il a porté de manière ininterrompue de grands personnages versés dans les deux traditions, spirituelle et séculière, au cours de l’histoire ancienne et tardive du pays des neiges qu’est le Tibet. Dans ce lignage ancestral, il y eut en particulier le grand et glorieux victorieux de l’Est, Tsongkhapa Lobsang Drakpa, qui fut comme un second bouddha pour la doctrine bouddhiste au Tibet. On peut citer également au XVIIe siècle Dangma Sertön Yeshe Gyaltsen qui fut le disciple de Rigdzin Chenpo Kunzang Sherab, victorieux de l’Est qui clarifia les enseignements des anciennes traductions et fut le premier détenteur du trône de Palyul. À partir de là, parmi ceux qui se sont succédé sur le trône du monastère de Ser Lhatse durant quatre siècles environ, cette lignée familiale vit naître de nombreux grands êtres sublimes.
Quant au lignage maternel, il était des plus excellent du fait notamment qu’il s’agissait de celui de Pelshul Mewad, [qui était originaire de la région de] Sheltreng.
Jusqu’à l’âge de 12 ans, l’éminent Rinpoché resta avec ses parents et, durant cette période, il se consacra exclusivement à de nobles activités telles qu’apprendre à lire. À 13 ans, en 1974, il déverrouilla la porte du Dharma et c’est avec un esprit animé par la pensée du renoncement qu’il se présenta discrètement, avec les empreintes karmiques provenant d’un entraînement antérieur, devant le grand Khenpo Rongta Khenchen Tsering Samdrup qui était le disciple direct du seigneur des accomplis, Yukhok Chatralwa Chöying Rangdröl.
S’initiant tout d’abord à la lecture et à la mémorisation des textes, Chogtrul Könchok Kunga vit ses connaissances s’accroître sans difficulté. Sa foi dans les qualités, expériences et réalisations du grand Khenpo s’amplifiant au plus haut point, il s’en remit à son maître-racine en le réjouissant des trois manières possibles. Vers 13 ans environ, de manière naturelle et sans avoir reçu d’instruction spécifique, il fut capable de reconnaître et transformer ses rêves. Il avait la possibilité lorsqu’il s’endormait de reprendre le rêve là où il s’était arrêté la nuit précédente et fut ainsi capable de poursuivre l’histoire du même rêve et la développer pendant toute une année.
Si on évoque Rongta Khenchen, de sa petite enfance jusqu’à l’âge de 13 ans, il étudia auprès de Jalüpa Mewa Khenchen Tsewang Rigdzin en apprenant à lire, écrire, etc. . À 14 ans, dès qu’il entendit le nom de Yukhok Chatralwa Chöying Rangdröl, ses poils s’hérissèrent de foi et il rejoignit secrètement le monastère de Ser Lhatse. Après l’avoir rencontré à Yagregar, il honora le maître et sollicita ses instructions essentielles pendant de nombreuses années. Un jour, son maître lui dit : « Rends-toi auprès de Kathog Khenchen Legshe Jorden et reçois ses enseignements du Dharma pendant trois ans en restant avec lui. Remets-lui, sans les ouvrir, cette lettre que j’ai écrite ainsi que ce paquet ! » Obéissant à cette instruction, Rongta Khenchen se rendit alors à Kathog dans le Kham et resta trois ans auprès de Khen Legshe Jorden, recevant ainsi de nombreuses instructions essentielles. Un jour, Khen Legshe Jorden lui demanda de venir auprès de lui et lorsque Rongta Khenchen se retrouva devant le Khenpo, celui-ci se leva de son lit en tenant dans les mains une coiffe de lotus et lui dit : « Écoute bien ! Conformément aux directives de Yukhok Chatral rédigées dans sa lettre, je te confère aujourd’hui le titre de Khenpo. Je te donne le nom de Rongta Khenpo Tsering Samdrup et autorise son enregistrement dans la liste des Khenpos intronisés ». Puis, Rongta Khenpo retourna à l’ermitage de Yukhok Chatral. Ce dernier lui dit alors : « À présent, rends-toi en Amdo au monastère de Labrang Tashikyil ! » Suivant cette directive, Rongta Khenchen rejoignit ce monastère et resta trois ans auprès d’Alak Lingtsang30 comme étudiant. Puis, il voulut revenir à Ser Lhatse Yagregar retrouver son maître mais celui-ci était passé en parinirvāṇa et il y avait également un soulèvement populaire. Ne pouvant donc se rendre sur place, il retourna alors dans sa région d’origine où il s’engagea dans la pratique méditative sans s’en laisser distraire un seul instant. C’est ainsi qu’il atteignit les sommets des expériences et réalisations.
Chogtrul Könchok Kunga accomplit les accumulations des pratiques préliminaires auprès de ce grand être sublime qu’était Rongta Khenchen Tsering Samdrup, en commençant par les quatre pensées qui détournent l’esprit du saṃsāra. Puis, à l’image d’un vase qu’on remplirait à ras-bord, il reçut les instructions expérientielles de la phase tantrique de création ainsi que les instructions essentielles de la phase d’achèvement, des tsaloungs et du Dzogchen comme on peut le voir dans la vie des saints maîtres du passé. Il les appliqua alors en fonction de ses expériences personnelles et put ainsi offrir à son maître la réalisation issue de sa pratique. Très heureux, ce dernier lui conféra alors le nom de Gangshar Rangdröl Rigpai Dorje et lui remit la coiffe de lotus qu’il avait lui-même reçue, jadis, des deux maîtres chers à son cœur, Yukhok Chatralwa et Kathog Khenpo Lekshe Jorden, accompagnant son geste de ces mots : « Dans le futur, tu feras le bien des êtres ! ».
En 1982, alors qu’il était âgé de 20 ans, ayant obtenu initialement la permission pour la vie religieuse, il entra dans le Dharma au grand monastère de Mewa Gönchen Dogön Tri Dargye Jamchen Chökhor Ling. Sheltreng Tulku Jamyang Sherab Gyatso et Khenpo Thubpam lui coupèrent (symboliquement) une mèche de cheveux en lui donnant le nom de Könchok Kunga Shönu. À ce moment-là, il y demeurait dans le campement monastique.
En ce qui concerne les maîtres lui ayant transmis les initiations qui font mûrir l’esprit, on citera principalement Khen Yishin Norbu Jigme Puntsok Jungne. Lorsque Könchok Kunga se rendit à la cité monastique de Ser[ta] Larung, il reçut de lui de nombreuses initiations, transmissions et instructions essentielles. En 1982, lorsque le maître se rendit en Chine, au Mont Wutai Shan, il le suivit en pèlerinage et reçut notamment le Jampel Dzogpa Chenpo38.
Pour ce qui est des maîtres lui ayant transmis les instructions essentielles qui libèrent l’esprit, il étudia, réfléchit et médita principalement auprès de vingt-six maîtres au Tibet et en Inde, parmi lesquels on peut citer Rongta Khenchen Tsering Samdrup et Nangsi Rabjampa Jampai Dorje.
En outre, Sheltreng Lama Gangshar Rangdröl (frère du chef de Sheltreng, un village de la région de Dzöge), voyait le passé, le présent et le futur aussi clairement que s’il contemplait du myrobolan frais dans la paume de sa main. Or, un jour, alors que la mère de Rinpoché était jeune, il lui dit : « Donne moi cette turquoise que tu portes et je viendrai chez toi ! ». Ce qu’elle fit, et plus tard, sitôt qu’elle tomba enceinte, elle-même et son époux rêvèrent tous deux que Sheltreng Lama Gangshar Rangdröl arrivait chez eux et s’y installait ; ce genre de signe onirique extraordinaire se reproduisit à de nombreuses reprises.
Le lendemain du premier rêve, le père de Rinpoché, Drakpa Thardo, était parti s’occuper du bétail et devait pour cela traverser le fleuve Mechu. Il trouva alors à proximité de celui-ci une épée à double tranchant et lorsqu’il arriva sur l’autre rive, il découvrit cette fois un livre. En l’ouvrant, il vit qu’il s’agissait d’un vieux texte du Choral de Mañjuśrī. Ébahi, il emporta l’épée et le livre qu’il disposa à la maison comme support de foi. Plus tard, des relations lui expliquèrent qu’il s’agissait d’un livre et d’une épée de Sheltreng Lama Gangshar Rangdröl ! Il y eut encore beaucoup d’autres bons présages de ce genre avant que Rinpoché ne vienne au monde. Après sa naissance, Rongta Khenchen Tsering Samdrup détermina avec certitude qu’il était la réincarnation de Sheltreng Lama Gangshar Rangdröl en s’appuyant notamment sur le fait qu’il montrait des prédispositions karmiques issues d’un entraînement antérieur.
D’autre part, l’un des disciples de Yukhok Chatralwa fut Lama Rigdzin Thogme du monastère de Ser Lhatse. Celui-ci possédait la réalisation instantanée de la Conscience éveillée. Après le parinirvāṇa de son maître, il maintint sa pratique en un lieu éloigné de son pays natal. Après avoir demeuré à Adzom Gar, il quitta son corps dans le district de Palyul lors des temps difficiles liés au soulèvement. Puis, lorsque la porte du Dharma s’ouvrit en 1982, il se trouvait que Tokden Dzago Lama du monastère de Ser Lhatse, qui avait atteint le stade de l’épuisement dans le Réel, faisait des prophéties pour tout le monde, qu’elle que soit le niveau social des personnes. C’est ainsi qu’il fit une claire prophétie concernant la réincarnation de son maître-racine, Lhatse Lama Rigdzin Thogme, en disant qu’il était né du côté de Mewa et en annonçant que son père (l’aspect méthode) avait pour nom « Drak » et sa mère (l’aspect sagesse) « Jo ». Cependant, comme à ce moment-là ce lieu se trouvait à une grande distance et que le monastère était dans une situation très dégradée, il n’y avait pas moyen de rechercher sa réincarnation. Khen Lobsang Tsultrimm du monastère de Lhatse m’expliqua que cette prophétie identifiait clairement le père du sublime Rinpoché comme étant Drakpa Thardo (aspect méthode) et sa mère comme étant Ane Jojo (aspect sagesse). Dès lors, je rapportai à Kyabje Drubwang Pema Norbu – le souverain détenteur des enseignements des anciennes traductions – que Könchok Kunga était bien la réincarnation de Lhatse Lama Rigdzin Thogme, ce qu’il accepta en se réjouissant réellement.
Puis, ayant reçu les instructions essentielles au complet de son sublime maître, Chogtrul Könchok Kunga Shönu partit en 1988 pour la région du lac Kokonor où il se rendit sur l’île de Tsonying, ainsi que sur les lieux de pratique bénis par Amitābha et Guru Rinpoché, à Dragkar Treldzong notamment. Après avoir été sur différents sites sacrés sans parti-pris, il resta en retraite durant une année environ et purifia ses voiles à travers les prosternations, offrandes, circumambulations, etc.
Puis, il partit au Tibet central où il fit des offrandes aux trois supports, accumula des mérites, purifia ses voiles et accomplit des retraites sur les lieux de pratique.
En 1990, il passa par le Népal pour se rendre en Inde, le noble pays, et plus précisément à Dharamsala, au nord-ouest. Là, il eut la grande chance de pouvoir rencontrer sa sainteté le Dalaï Lama et d’écouter ses enseignements. Puis, il rejoignit Bodhgaya. À partir de là, durant un mois environ, il fit un pèlerinage avec Drikung Tokden Drubwang Rinpoché sur les sites marqués par les [douze grands] actes de la vie du Bhagavān Bouddha et il visita les six grandes anciennes cités d’Inde, Bodhgaya (le site principal du Magadha), les rives du fleuve Nairañjana où le Bouddha endura l’ascèse durant six ans, Rajgir, le Pic des Vautours, Nālandā, Phullahari, Odantapuri, le charnier sacré de Śītavana, la grotte de méditation du grand accompli Śavaripa, les lieux où demeurèrent le grand maître d’Oḍḍiyāna, Garab Dorje et d’autres, le Stūpa de Parfaite Pureté, Vriji, Vaiśālī, Kuśināgar (berceau du royaume Malla), Śrāvastī (berceau du royaume de Kośala), Vārāṇasī (berceau du royaume de Kāśi) et le Parc aux Daims de Ṛṣivadana , Kapilavastu et Lumbinī, entre autres sites sacrés. En ces lieux, il s’appliqua avec zèle à faire des offrandes, à accumuler des mérites, à purifier ses voiles, à faire des prières d’aspiration, etc.
Puis, il alla dans le nord de l’Inde, à Kulu, pour l’initiation du Kālacakra conférée par sa Sainteté le Dalaï Lama, créant ainsi de bonnes empreintes karmiques liées à ce tantra non-duel. À la suite de cet évènement, il se rendit à Manali où il passa environ six mois auprès de Mewa Khenchen Thubten Özer pour recevoir ses enseignements du Dharma. Il retourna ensuite au Népal et demeura en retraite stricte durant trois ans à Yangleshö où se trouve la grotte de méditation Asura. Sur ce site où Guru Rinpoché médita, il reçut les instructions de Kathog Chatral Sangye Dorje63 sur le Chöying Dzö et, dans sa cellule de méditation, de nombreuses instructions pratiques du Dzogchen.
Après quoi, il obtint nombre d’enseignements de Tulku Orgyen du monastère de Nagi Gompa dans la lignée qui mêle en un seul courant les traditions kagyu et nyingma.
En 1994, lorsque le souverain détenteur des enseignements des anciennes traductions, Kyabje Drubwang Pema Norbu, transmit au Népal les grandes initiations du Rinchen Terdzö Chenmo au monastère nyingmapa de Shechen, il se trouva dans l’assistance et reçut toutes les initiations.
En 1995, il partit pour l’Occident. Arrivé en France, il resta un an environ dans le centre kagyupa de Karma Ling avant de revenir au Népal où il pratiqua avec assiduité pendant trois ans. Puis, il repartit en France où il ouvrit un restaurant tibétain. En parallèle il créa deux associations bouddhistes : Orgyen Rangjoung Dorjé Ling et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa. Il invita alors Tulku Shepa Dorje Rinpoché, ce qui permit de tourner avec force la roue des enseignements du Dzogchen.
Aujourd’hui, Tulku Rinpoché Könchok Kunga Shönu réside principalement en France où il enseigne à ses étudiants les yogas, les souffles doux et la méditation Dzogchen. Chaque année, il se rend en Asie et plus précisément au centre de Shide Gyatsö Tsoling à Taïwan où il enseigne largement la Doctrine et c’est ainsi qu’il demeure excellement dans l’activité du Dharma.
Cette biographie de Chogtrul Könchok Kunga Shönu est courte, je ne l’ai pas détaillée craignant d’en écrire trop.
Puissent ses mérites grossir comme le Mont Meru
Et son renom s’étendre aussi largement que le ciel.
Puisse-t-il avoir une longue vie exempte de maladie, faire spontanément le bien d’autrui
Et puissent ses qualités demeurer stables comme l’océan.
Ceci a été écrit rapidement en 2024, un bon jour du mois de Sagadawa, par Pema Rigdzin qui porte le titre de Lhatse Öntrul. Vertu ! Que victoire s’en suive !