Tsaloung

Interview de Lama Kunga

Q : Lama Kunga, pouvez-vous nous parler de la tradition tibétaine et plus particulièrement de cette tradition qui est liée aux canaux et aux souffles ?

Lama Kunga (LK) : Tout d’abord quand nous parlons des canaux et des souffles, cela aide à trois niveaux ... Comme c’est basé sur la respiration, sur l’inspiration et l’expiration, grâce à cela on a la possibilité d’obtenir un bien être physique, d’aider si on a des maladies et d’aider aussi au niveau de l’esprit.

Q : Y-a-t-il une transmission particulière à Tsa Loung ?

LK : Quand on parle de la tradition des canaux et des souffles on peut dire qu’il y a deux transmissions. Il y a une ancienne transmission et une dite « plus récente » ou « nouvelle ». La transmission ancienne commence à partir de Bairotsana et de Bimalamitra, elle continue avec Gouru Rinpoché et Yéshé Tsogyal puis avec Longchen Rabjam et Jigmé Lingpa. Cette ancienne tradition sur les canaux et les souffles est liée au Dzogchen ainsi qu’à la tradition Kadak. Et puis il y a une autre tradition dite nouvelle qui elle-même provient de Manjushri et continue grâce à l’université de Nalanda en Inde au travers les six yogas de Naropa, qui furent transmis à Marpa et à Milarépa et ensuite continués par la lignée Kagyupa. Moi-même, j’ai pu étudier ces deux traditions.

Q : Pouvez vous nous parler des exercices liés à Tsa Loung ?

LK : Quand nous parlons des exercices sur les canaux et les souffles nous devons aborder trois aspects : les canaux (tsa), les souffles (loung) et l’esprit (tiglé). Les canaux sont en relation avec les roues communément appelées les chakras. Les chakrasIl y a trois canaux principaux : le canal central qui est nommé ouma en tibétain, le canal roma et le canal kyangma à droite et à gauche. Dans le canal central, on trouve six chakras, ou roues principaux : le chakra qui se trouve au sommet de la tête possède seize rayons il s’appelle la Roue de Grande Félicité. Au niveau de la gorge, la Roue de la Jouissance comporte trente-deux rayons. Au niveau du cœur il y a un autre chakra appelé Roue de la Dharmatha1 à huit rayons. Au niveau du nombril, il y a la Roue de l’Emanation il comporte soixante-quatre rayons. Et à l’endroit secret, la Roue de l’Endroit Secret qui est constitué de trente-deux rayons. Il y a également au niveau de la fontanelle, un chakra fait de quatre rayons.

Q : Y-a-t-il d’autre chakras ?

LK : On dénombre également d’autres chakras ou roues au niveau de nos articulations : cinq au niveau de l’épaule, de l’avant-bras, du coude, du poignet ce qui fait un total de trente pour les articulations des membres supérieurs, et a cinq au niveau des hanches, cinq aux genoux et cinq aux chevilles, pour les membre inférieurs. On dénombre dix-huit chakras principaux liés au canal central ouma, mais si on les compte tous, il y en a soixante secondaires. Il y a aussi des canaux secondaires aux extrémités, six dans les mains, les doigts et dans la paume et de même pour les pieds. Mais que ce soit dans la tradition de Milarépa ou de Longchenpa le nombre et la désignation de ces chakras ou roues reste identique.

Le chakra supérieur est le chakra de la protubérance crânienne que seul un Bouddha possède. Le chakra au niveau du front à 16 rayons, c’est la roue de grande félicité. A la gorge, le chakra de la jouissance, à 32 rayons est rouge, il est lié à l’élément feu. Le chakra du coeur, à 8 rayons est celui de la Dharmatha, il est blanc pour les Tsalung. Le chakra du nombril, 64 rayons, jaune car lié à la terre. Les canaux latéraux roma et kyangma croisent et s’inversent avant de remonter pour rejoindre le canal central à quatre doigts sous le nombril ; c’est à cette endroit que sont placées les mains des Bouddha que l’on voit sur certaines représentations.

Pour la pratique des souffles le chakra utilisé principaement est celui du nombril, à ce niveau on va s’entraîner à faire pénétrer les souffles dans le canal central ;

Q : En quoi consiste les canaux ?

LK : Quand on parle des canaux, il y a les principaux et les secondaires. Par exemple pour le chakra du nombril, la Roue de l’Emanation, on dénombre soixante-quatre rayon principaux que l’on multiplie par huit rayons secondaires, ainsi on obtient mille rayons secondaires. Mais en réalité il y a trois types de canaux, les principaux, les secondaires et d’autres encore plus subtils. Ainsi les soixante-douze mille canaux vont être multipliés par deux cents et l’on obtiendra 44 millions de canaux subtils qui correspondent aux pores de la peau. Ces derniers sont en relation avec l’air et donc avec notre respiration, et c’est à ce niveau qu’interviennent les souffles présents dans les canaux.

Q : Comment les souffles interviennent-ils dans cette pratique de Tsa Loung ?

LK : Les souffles sont reliés à la respiration. Pour une personne de 25 ans en bonne santé, on établi comme critère qu’en une minute il y aura quinze expirations, en une heure, 900 et 21 600 en un jour (24h). Ces nombres calculés sur 24h sont des critères qui concernent la « petite » respiration. En tibétain quand on parle de la grande respiration, il s’agit du souffle qui va traverser tous les chakras et les canaux de notre corps. Le cycle de cette grande respiration et de 2 heures, c’est-à-dire qu’il y en a douze par journée (de 24 h). Pour certaines personnes, ce cycle peut varier en plus ou moins long. S’il est plus court, cela peut être un signe de maladie ou de stress ou s’il est plus long la personne pourra avoir une vie plus longue. Il y a aussi d’autres critères pour la respiration tels qu’en général l’inspiration est naturellement plus courte que l’expiration. Bref, si nous parvenons à avoir une respiration plus longue, nous aurons moins de maladies et notre vie sera plus longue et c’est en cela que la pratique sur les canaux et les souffles va aider.

Q : Comment commencer l’entraînement à Tsa Loung ?

LK : On commence l’entraînement aux Tsalung par la pratique dite des souffles doux, que l’on appelle « djam-lung » en tibétain. C’est une pratique douce et progressive qui va nous apporter de la détente et nous permettra d’avancer dans la pratique des Tsalung avec d’autres exercices plus avancés. A ce stade, on parle de cinq souffles principaux. Le souffle de l’énergie vitale qui permet au cœur de battre, le souffle descendant qui aide à l’expulsion des celles, de l’urine, etc. Il y a aussi le souffle en harmonie avec le feu situé dans l’estomac qui aide la digestion, il y a le souffle ascendant qui nous permet de parler et qui aide a ingérer les aliments, et enfin il y a le souffle pénétrant qui englobe notre corps et aide à nous mouvoir, il est situé entre le cœur et le nombril et ensuite il pénètre tout le corps.

Q : Pouvez-vous nous parler des tiglés ?

LK : Pour ce qui concerne les tiglés, il y a les tiglés purs, les tiglés impurs et les tiglés liés au sperme et à l’ovule. Le tiglé pur fait référence à la nature de notre esprit et à la capacité d’émergence des pensées et des fabrications mentales ; ce tiglé pur qui n’est rien d’autre que la nature de notre esprit doit être reconnu, il est lié aux canaux roma et kyangma et au canal central ouma. Les tiglés impurs sont ceux qui composent notre corps c’est pourquoi on les nomme ainsi, il y en a trente-six et les principaux constituent le sang, la chair, la lymphe et la moelle épinière.

Q : Quel est l’objectif des exercices sur les canaux et les souffles ?

LK : L’objectif de ces exercices sur les canaux et les souffles et de conduire les souffles des canaux latéraux jusque dans le canal central ; le canal latéral droit est le canal dit du soleil et le canal latéral gauche est celui de la lune, ou encore le canal de droite est appelé « canal des souffles masculins » et celui de gauche « canal des souffles féminins ». En amenant les souffles de ces canaux latéraux dans le canal central, on aura la possibilité de pouvoir reconnaître la nature de l’esprit, c’est le but ultime de cette pratique et le fruit et la maîtrise complète des souffles et de l’esprit. Mais même si nous ne parvenons pas à ce résultat, cette pratique apportera un bien-être physique et dissipera ou empêchera les maladies. On dit que les canaux masculins sont plus forts mais aussi plus grossiers et que les souffles féminins sont plus subtils et plus doux, ainsi il est dit que l’équilibre entre ces souffles est un gage de bonne santé.


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